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Alain Roumegous (1931 - 2014)

jeudi 22 janvier 2015 par Guy Putfin, Luc Bentz

Alain ROUMEGOUS (2 mars 1931-24 avril 2014), Instituteur, militant syndical et politique avait été, avant l’indépendance de l’Algérie, militant de la section d’Oranie du SNI et, après l’indépendance, secrétaire de la section d’Oran de l’APIFA. Décidé à rester dans l’Algérie indépendante où il souhaitait continuer son œuvre éducatrice, Alain Roumegous se résolut à partir en métropole après le coup d’État du colonel Boumédiene en 1965. Affecté dans la Nièvre, il continua à militer, notamment comme secrétaire général de la section du SNI et secrétaire adjoint de la section FEN de la Nièvre. Militant associatif infatigable, il était actif au sein de l’association des amis de Max-Marchand.

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Alain Roumegous en mai 2012
(Crédit-photo : famille)

Alain Roumegous est né le 2 mars 1931 en Algérie, à Trois-Marabouts, petit village d’Oranie où ses parents étaient agriculteurs. Il fit ses études au village, puis au lycée Lamoricière d’Oran où il passa la 1re partie du baccalauréat (latin-grec). C’est ensuite au lycée La Pérouse d’Albi qu’il passa la 2e partie (philosophie).

Il devient instituteur remplaçant dans le « bled » algérien, d’abord à Tafaraoui, puis à El Gaada et Oued Berkeches. Cette période est entrecoupée par le service militaire, en pleine guerre d’Algérie. Roumegous participe aux opérations de « maintien de l’ordre » dans les Monts Nemenchas, où il obtient la médaille du combattant.

En 1957, Oued-Berkeches devient commune de plein exercice : il est le président de la « délégation spéciale », puis est élu maire jusqu’en 1962 dans ce village où il n’y a que sept non-musulmans : son épouse, ses 3 filles et les deux instituteurs adjoints à l’école dont il est devenu le directeur.

Il n’est jamais inquiété par le FLN. En revanche, Roumegous se fait remarquer par son opposition aux scissionnistes « Algérie française » qui ont quitté le SNI pour fonder le SIO (Syndicat des instituteurs oranais). Condamné à mort par l’OAS, Roumegous doit partir en métropole le 28 février 1962 [1]. Roumegous retourne en Algérie en juillet 1962, et est mis à la disposition du sous-préfet d’Aïn-Témouchent Roger Mas pour organiser une colonie d’orphelins de combattants du FLN, envoyés en vacances en France.

Avec Albert Victorri, il représente les enseignants français de l’Ouest algérien au sein de la délégation qui avec Pierre Desvalois et James Marangé (SNI), Georges Aulong (FEN), Denis Forestier (alors président de la MGEN) aura à négocier avec les autorités algériennes les bases de la coopération culturelle.

Roumegous exerce alors à Chabet-El-Leham, puis à Aïn-Témouchent et Oran, où il poursuit dans l’APIFA son combat syndical [2]. Il est responsable de la section d’Oran comme second, puis successeur de Pierre AUDOUARD [3]. Alain Roumegous est simultanément président de la section MGEN d’Oran.

L’intention d’Alain Roumégous était de rester dans l’Algérie indépendante. Le coup d’État du colonel [Houari Boumédiene], qui renverse Ahmed Ben Bella le 19 juin 1965 le fait renoncer à ce projet [4]. Déçu par l’orientation du pouvoir algérien, il rejoint la métropole où il est nommé à Sauvigny-Les-Bois (Nièvre) à la rentrée 1966.

Dans son nouveau département, il devient secrétaire de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), puis entre au conseil syndical départemental du Syndicat national des instituteurs en 1967. Il est secrétaire départemental (tendance UID) de 1968 à 1975, délégué du personnel à la commission administrative paritaire départementale des instituteurs (CAPD), au comité technique paritaire départemental (CTPD), et au conseil département de l’enseignement primaire (CDEN).

Nommé directeur de l’école de Moussé à Nevers en 1971, il y installe le premier local du SNI dans une classe désaffectée. Pendant la même période, il est secrétaire adjoint de la FEN, vice-président de la fédération des œuvres laïques (FOL) et de la Jeunesse au Plein Air (JPA), membre du bureau des Pupilles de l’Enseignement Public (PEP), de la Mutuelle Assurance Elèves (MAE) et de la MGEN.

À sa retraite syndicale, il milite à l’USEP (Union sportive de l’école primaire, affiliée à la Ligue de l’enseignement), préside le comité d’organisation de la fête des écoles publiques, est délégué départemental du GCU (Groupement des campeurs universitaires) et président des Francas pendant sept années.

Officier des Palmes académiques, il est aussi médaillé Jeunesse et Sports pour ses activités sportives.

Après sa retraite professionnelle (1986) il poursuit de nombreuses activités dans divers domaines : secrétaire du Canoë-Club nivernais, vice-président de « Nevers Plein Air », membre de l’office municipal des sports et élu au bureau départemental de la Fédération Française de Crémation. Il fut également secrétaire départemental de la section départementale de la Fédération générale des retraités de la Fonction publique (FGR-FP).

Toujours attaché aux questions de l’Éducation nationale il est nommé délégué départemental de l’Éducation nationale (DDEN).

Sur le plan politique, il fut militant de la SFIO, dont il démissionna en 1968 au moment de l’amnistie des membres de l’OAS puis du nouveau Parti socialiste, dont il démissionna en 1978 en opposition sur la laïcité au Premier secrétaire (également président du conseil généra), François Mitterrand.

Militant des droits de l’homme, il a été dans la Nièvre fondateur d’Amnesty international et du MRAP, et président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)

Franc-maçon au sein du Grand Orient de France, il avait été élu au conseil national (1988-1991) et en avait été secrétaire aux affaires intérieures.

Infatigable militant laïque il fut aussi délégué au Comité national de Solidarité Laïque.

Alain Roumegous milite à l’association des Amis de Max Marchand (inspecteur d’académie, responsable des centres sociaux éducatifs assassiné par l’OAS le 15 mars 1962). Membre de son conseil d’administration jusqu’à son décès, il organise l’assemblée générale de cette associations à Nevers en 1989 puis en 1999. Il était membre fondateur de l’association « Solidarité aux enfants d’Algérie ».

Alain Roumegous avait participé dans le cadre d’une délégation du Centre Henri-Aigueperse/UNSA Éducation au colloque international du 3 mai 2008 qui s’était tenu dans les locaux de l’École normale supérieure de la Bouzareah, dans la banlieue d’Alger, qui abritaient pendant la période coloniale l’école normale d’instituteurs d’Alger-Bouzareah (créé par décret impérial de 1865) [5].

Alain Roumegous était membre du comité de parrainage de l’HIMASE.

Alain Roumegous est décédé le 24 avril 2014 à Sermoise-sur-Loire.

Alain Roumegous est l’auteur de Naissance du syndicalisme chez les instituteurs nivernais, publiée en trois parties dans les Cahiers nivernais d’histoire de l’éducation dans les numéros 10, 11 et 12 de 1997, 1998, 1999. Il a repris ce document dans la revue de l’OURS, Recherche socialiste n°16 de septembre 2001 sous le titre « De l’amicalisme au syndicalisme chez les instituteurs nivernais ».


Notes

[1Le trésorier de la section du SNI d’Oran, William Hassan a été assassiné devant ses élèves le 23 février 1962 par deux Européens de l’OAS.

[2Le SNI comptait une section par département d’Algérie avant l’indépendance. Après celle-ci, c’est une section unique d’Algérie qui a été constituée avec l’appellation conforme au droit local d’Association professionnel des instituteurs français en Algérie (APIFA).

[3Au côté d’Alain Roumegous, le bureau comprit, vers la fin de son mandat, Daniel Dumont, alors responsable de la sous-section d’Oran, et un jeune militant : Guy Le Néouannic, futur secrétaire général de la FEN et alors secrétaire de la sous-section de Sidi Bel Abbès.

[4Conversation avec Luc Bentz en 2008.

[5Ce colloque, dont l’Institut Maghreb-Europe de l’université Paris VIII, alors dirigé par Aïssa Kadri, était co-organisateur, avait permis à quelques collègues français d’évoquer leur expérience. Y participait également Jean-Paul Roux qui y intervint. Y participait également le’inspecteur d’académie honoraire André Grossetête.

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