Centre Henri-Aigueperse UNSA Éducation

Centre Henri-Aigueperse
UNSA Éducation
Fondé sous l’appellation de Centre d’Histoire sociale, de Recherche, de Formation et de Documentation de la Fédération de l’Éducation nationale (CHSRFD-FEN)
Site de l'UNSA Éducation

Accueil > Notes de lecture > Syndicalisme et Culture (Guy Putfin)

Syndicalisme et Culture (Guy Putfin)

dimanche 12 novembre 2017 par Benoît Kermoal

Guy PUTFIN, Syndicalisme & Culture. Itinéraire culturel dans la Forteresse enseignante, Paris, éditions de l’OURS, 2016. ► https://www.lours.org/lours-edite-g....

Télécharger cette note de lecture au format PDF

Guy Putfin, militant de la FEN et de l’UNSA Éducation [1]., nous offre dans ce livre un précieux témoignage de son action au sein de la Fédération de l’Éducation Nationale depuis la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1990. Mais Syndicalisme & Culture est bien davantage qu’un simple témoignage du militant syndical.

S’effaçant souvent pour retracer l’histoire de la politique culturelle au sein de la FEN, Guy Putfin a écrit une histoire complète et documentée de l’action des syndicats du ministère de la Culture, de mai 68 jusqu’aux années 1990, à partir de nombreuses sources internes, comme les bulletins militants, les notes internes mais aussi des documents personnels. De l’intérieur, il nous donne à lire la chronique méconnue de la politique culturelle menée par « la forteresse enseignante » qu’était alors la FEN à l’époque.

L’ouvrage s’articule autour de trois parties chronologiques : la première concerne le Syndicat des Archives et le collectif FEN des Affaires culturelles entre 1968 et 1982. Dans l’après-mai 1968, synonyme de bouillonnement culturel au sein de la gauche politique et syndicale, l’auteur nous relate l’action du Syndicat des Archives, qui prend soin des personnels mais aussi des usagers de ce service public, indispensable à la construction d’une histoire scientifique.

Très vite, Guy Putfin prend en charge l’ensemble des questions de politique culturelle en participant activement à la création du bulletin Syndicalisme et Culture, qui émane du collectif des syndicats FEN des affaires culturelles. Le journal est le creuset d’une réflexion collective qui va participer au projet syndical de la fédération enseignante : droit à la culture et démocratisation, éducation du public, relations avec les artistes et les pouvoirs publics, politique des loisirs, etc. Ce sont autant de sujets que ce collectif aborde au-delà du monde syndical culturel pour offrir à la FEN un projet culturel qu’elle porte dans les années 70 et 80. Comme l’affirme alors l’auteur en décembre 1976 lors d’un conseil national de la fédération :

Je tiens à rappeler ici solennellement que les personnels de la culture ne sont pas au service du système culturel traditionnel et élitiste qu’ils condamnent eux-mêmes […], qu’ils veulent par ce service public […] participer à l’émancipation des travailleurs et de leurs enfants.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 suscite de multiples espoirs dans ce domaine, ce que Guy Putfin nous rappelle avec force détails passionnants dans une seconde partie. Les syndicats de la FEN du ministère de la Culture fusionnent en 1982 au sein du Syndicat national des affaires culturelles (SNAC-FEN) dont l’auteur devient le secrétaire général. Il nous raconte dans cette partie son action dans le contexte particulier du ministère Lang aux nombreux projets culturels. Sa maîtrise des dossiers, la réflexion menée en amont, tout cela fait de Guy Putfin un partenaire incontournable des politiques culturelles menées alors. Militant socialiste depuis le début des années 1980, il participe également de « l’autre côté de la barricade » à l’élaboration du projet culturel du PS dans ces années. Cela ne va pas sans certaines déceptions, sans certaines anicroches avec d’autres militants syndicaux ou encore avec les pouvoirs publics.

Cela n’empêche pas l’auteur de devenir permanent à la FEN à partir de 1988, où il assume un rôle d’impulsion et de coordination dans tout ce qui a trait à la culture. C’est ce qu’il nous montre dans une dernière partie. Un travail de fond pour alimenter la réflexion au sein de la fédération est mené : Guy Putfin nous narre les nombreuses actions menées en direction des milieux artistiques, des pouvoirs publics et des publics scolaires.

On retiendra plus particulièrement parmi ces multiples initiatives, la création du département d’Histoire sociale de la FEN qui devient en 1986 le Centre d’histoire sociale, de recherches, de formation et de documentation de la FEN (actuel Centre Henri-Aigueperse / UNSA Éducation). Parmi les nombreuses réalisations, on retiendra aussi, toujours dans le domaine de l’histoire sociale, la création du prix Jean-Maitron qui récompense chaque année un·e jeune chercheur·e dans le domaine de l’histoire sociale.

L’histoire — le livre de Guy Putfin, nous le rappelle à chaque page — permet de saisir le passé, mais à l’aune du présent et de l’avenir. Dans une conclusion plus personnelle, l’auteur revient sur les difficultés qu’il a rencontrées dans son action militante. Il nous rappelle ainsi que toute participation à une structure collective, où l’action militante est au cœur du projet, entraîne de grandes joies, mais aussi des déceptions ; des découragements, mais aussi des réussites collectives qui incitent à continuer de militer.

Un regret peut-être, dans cet itinéraire exceptionnel d’un militant culturel : Guy Putfin a tendance à s’effacer devant les événements, les autres acteurs, ou les congrès et motions syndicales. Du for intérieur du militant, on saura finalement relativement peu, fidèle en cela sans aucun doute au « refus de parvenir » évoqué avant la première Guerre mondiale par Albert Thierry pour caractériser les militants syndicaux. Mais en complément de ce passionnant livre d’histoire, et peut-être pour en savoir davantage sur l’homme militant, Guy Putfin sera revenu sur son parcours syndical et son expérience personnelle le 16 novembre 2017 dans le cadre du cycle de témoignages organisé par le Centre Henri-Aigueperse (voir cet article du site).

Benoît KERMOAL

Pour aller plus loin

Vous pouvez vous procurer le livre de Guy Putfin à l’Office Universitaire de Recherche Socialiste : https://www.lours.org/lours-edite-g....

Guy Putfin a également publié sur le site du Centre Henri-Aigueperse/UNSA Éducation une histoire du Syndicat des Archives de la FEN :
http://cha.unsa-education.com/spip.....

Sur l’histoire de la FEN :

  • Brucy (Guy), Histoire de la FEN, préface d’Antoine Prost, coll. « Histoire de l’éducation » (Belin, 2003).
  • V.Aubert, A.Bergougnioux, J.-P. Martin, R.Mouriaux, La Forteresse enseignante. La Fédération de l’éducation nationale, Paris, Fayard, 1985.
  • Laurent Frajerman, François Bosman, Jean-François Chanet, Jacques Girault (éd.) : La Fédération de l’éducation nationale (1928-1992) .Histoire et archives en débat, Villeneuve d’Ascq, 2010.

Plus largement sur les politiques culturelles menées en France dans cette période :

  • Vincent Martigny, Dire la France. Culture(s) et Identités nationales, 1981-1995, Paris, Presses de Sciences Po, 2016.

Voir en ligne : Syndicalisme & Culture (Guy Putfin) sur le site de L’OURS

Documents joints


Notes

[1Guy Putfin, vice président (pôle Histoire sociale & Archives) du Centre Henri-Aigueperse UNSA Éducation, est, en autres activités militantes, également secrétaire général de l’Himase (le « Maitron de l’éducation »). Rappelons aussi le rôle majeur de Guy Puftin dans la mise à disposition des archives de la FEN, aujourd’hui consultables aux Archives nationales du monde du travail : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/index.html

| Plan du site | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0 | Haut de page | SPIP | ScolaSPIP

Centre Henri-Aigueperse
UNSA Éducation (UNSA Éducation)
Directeur de publication : Frédéric Marchand