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« Juif berbère d’Algérie. Itinéraire (1933-1963) », Jacques Simon

dimanche 6 octobre 2013 par Guy Putfin

Pour un « Juif berbère d’Algérie », « être né un premier avril et s’appeler Adolphe, l’année où Hitler devient chancelier du Reich n’était pas ordinaire », confie Jacques Simon.

L’itinéraire des trente premières années (1933-1963) de Jacques Simon n’est pas ordinaire non plus. Partant de Palat, petite ville des hauts plateaux algériens, il nous emmène à Tiaret, au collège de Mascara, au lycée Bugeaud à Alger, à Paris à la Sorbonne et à la faculté de droit, au lycée de Sidi Bel Abbès où il est maître d’internat, à Paris de nouveau comme instituteur suppléant, puis à Alger pour faire son service militaire, à Ben Zireg au Sahara en section disciplinaire, avant le retour à Paris, en août 1959 pour se marier et terminer son service militaire à Versailles comme interprète d’arabe. Le tout, ponctué de séjours à Palat pendant les vacances.

Tout jeune, Jacques Simon fut profondément marqué au moment de l’abolition du décret Crémieux par le régime de Vichy qui a entraîné pour sa famille la perte de la nationalité française. Sa mère, institutrice, perd son emploi et son logement de fonction ; l’épicerie de son père est boycottée par les Français, et le petit Jacques est renvoyé de l’école primaire de Palat.

Cet itinéraire mêle, de façon fort intéressante, le récit des souvenirs d’enfance et de jeunesse, les fréquentations, les relations, les nombreuses lectures, les discussions et réflexions sur la situation en Algérie, en particulier dans la deuxième partie des années 1950. On accompagne ainsi Jacques Simon dans ses premiers contacts avec des militants anarchistes, trotskystes, et surtout des militants du parti de Messali Hadj, le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) puis le MNA (Mouvement national algérien) dont il fréquente le siège parisien.

Maître d’internat, puis instituteur, Jacques Simon, militant du PCI, en relation avec Lambert, se syndique au SNI, où il milite dans la tendance école émancipée, mais il soutient la position de la majorité du SNI et de la FEN sur l’Algérie (Conférence de la table ronde) qui est en accord avec les positions du MNA et de Messali Hadj].

À Paris, il adhère à l’USTA (Union syndicale des travailleurs algériens) peu après sa création, et participe activement, aux côtés du secrétaire général Ahmed Bekhat, à la préparation de son premier congrès, qui a lieu du 28 au 30 juin 1957. Il écrit dans le journal de l’USTA, La Voix du travailleur algérien. Il fait le lien entre les dirigeants de la FEN et du SNI et l’USTA et le MNA.

Jacques Simon nous livre ses analyses sur la situation complexe qui existe entre les mouvements, partis politiques, organisations syndicales, français et algériens, tant en France qu’en Algérie. On assiste à la guerre que le FLN, — couvert par le silence de la CGT, du PCF, mais aussi d’autres organisations de gauche — mène contre le MNA et l’USTA, dont les dirigeants Filali et Bekhat sont assassinés. « J’ai apprécié, écrit Jacques Simon, le soutien de la FEN, des syndicalistes et des démocrates, de Messali Hadj, de Pierre Lambert et d’Albert Camus à mes amis ».

Au cours d’un voyage dans l’Algérie indépendante en juillet 1963, il recueille des informations sur la situation économique et sociale, avant que son contact ne lui conseille de quitter l’Algérie. Àpartir de ses notes, il écrit dans l’organe du PCI, La Vérité, « Classes sociales et État en Algérie ». Soumettant à Lambert les grandes lignes d’un autre article sur l’Algérie, Jacques Simon se heurte à un refus : « Lambert avait tourné la page de l’Algérie, mais pas moi. »

Guy Putfin

N. B. — Cette note de lecture a été préalablement publiée par Guy Putfin dans l’OURS n° 425 de février 2013.

Voir en ligne : Fiche de l’ouvrage aux éditions L’Harmattan (commande possible)

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Première de couverture (Jacques SIMON) 4e de couverture (Jacques SIMON)

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