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Pratique des SMS des collégiens et lycéens : présentation

samedi 1er mars 2014 par Secrétaire Général

Vous trouverez ci-dessous la présentation de l’étude et, en fin de page, les liens vous permettant de télécharger directement (format PDF) l’ensemble du rapport, sa synthèse et son résumé en une page.

Depuis le XIXe siècle, la liste des coupables des faiblesses orthographiques des enfants et des adolescents s’est constamment — et considérablement — allongée. Elle a été complétée par le langage SMS [1] dont la syntaxe spécifique n’est pas sans rappeler le style télégraphique de jadis (sigles spécifiques non compris !).

Le Centre Henri-Aigueperse / UNSA Éducation a fait le choix d’y regarder de plus près dans le cadre d’une recherche dirigée par Josie Bernicot, professeur des universités à l’université de Poitiers dans le cadre du laboratoire Cerca (Centre de Recherches sur l’Apprentissage et la Cognition (UMR 7295 Université de Poitiers-CNRS).

Cette recherche résulte donc d’une commande du Centre Henri-Aigueperse / UNSA-Education avec le concours de l’IRES [2].

De ce travail, trois documents sont accessibles en téléchargement depuis l’accueil du dossier sur cette recherche :

  • le résumé en deux pages ;
  • la synthèse (une dizaine de pages) ;
  • l’étude proprement dite (109 pages, <2 Mo).

Selon la procédure définie depuis création du Centre fédéral, cette recherche a été conduite par l’équipe de chercheurs dans le respect de son autonomie scientifique, mais au travers d’échanges avec un comité de suivi constitué par le Centre fédéral.

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Comité de suivi du 27 novembre 2013

Vue partielle du dernier comité de suivi de la recherche, avant remise du rapport définitif. Il s’est tenu par vidéoconférence et, comme on le voit, en mode multiconnecté. Sur la photo : René Clarisse (conseiller scientifique du CHA/UNSA Éducation) et Stéphanie Devanssay (conseillère « éducation » au SE-UNSA et à l’UNSA Éducation).

Nous relèverons d’abord un premier élément. Comme l’indique le rapport de recherche :

Globalement, les élèves forts ou faibles en écrit traditionnel au début du recueil de données restent respectivement forts ou faibles pendant un an quelle que soit leur pratique des SMS.

Les SMS peuvent au contraire relever d’une pratique nouvelle de l’écrit, dépassant le cadre de l’usage privé. L’étude a été lancée, rappelons-le, en 2011, et depuis d’autres supports ont été utilisés comme les twittclasses (voir par exemple [ici, sur le site du CNDP — aujourd’hui CANOPE, ou là, sur le site http://www.twittclasses.fr/).

Mais, au-delà de la remise en cause de préjugés sommaires, cette étude présente, de notre point de vue, un intérêt réel par rapport aux questions de maîtrise de la langue écrite par des jeunes correspondant à ce que sont et seront les jeunes arrivant (depuis ces derniers années et pour la prochaine génération) sur le marché du travail.

Cela nous conduit d’ailleurs à d’autres interrogations : se pose en effet de manière nouvelle la question de la littératie que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) définit comme

l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités [3].

Tout montre en effet que la maîtrise des outils de communication modernes ne vont pas de soi pour les jeunes le plus en difficulté. Il n’y a pas de miracle générationnel. Or la maîtrise minimale ou experte d’outils devenus usuels est aussi un enjeu d’insertion sociale quand les chauffeurs-livreurs reçoivent et transmettent des informations par texto ou que, loin du papier de jadis ou d’antan, quand les préparateurs de commandes d’aujourd’hui, dans les entrepôts, utilisent des terminaux nomades.

La recherche a toujours cet intérêt — et celle-ci en particulier — non seulement de remettre en cause des idées convenues, mais aussi de pousser à s’interroger aussi quand sont connus leurs résultats.

Luc BENTZ

Extraits de la synthèse (Josie Bernicot)

Le travail réalisé est présenté en deux chapitres : le premier concerne les SMS et l’orthographe chez des collégiens de 11-12 ans et le second concerne le rôle de l’âge de l’expertise et du genre sur la longueur, la structure et la fonction sociale des SMS chez des collégiens et lycéens de 13 à 18 ans.

Chapitre 1. — Le lien entre le niveau des élèves en orthographe et leur pratique des SMS n’est pas clair et fait l’objet de nombreuses questions de la part des enseignants, des parents et des médias.

Un corpus de 5 000 SMS produits dans la vie quotidienne par des collégiens de 6e et de 5e (n=19, 11-12 ans) a été constitué. Les participants n’ont jamais possédé ou utilisé de téléphone mobile avant le début de l’étude ; leurs SMS sont recueillis pendant un an tous les mois.

Les SMS sont caractérisés par la densité de textismes en distinguant ceux en accord avec le code traditionnel (ex. : pour mais) et ceux en rupture avec ce code (ex. : bsx pour bisous). Le niveau en orthographe traditionnelle est évalué par un test standardisé qui permet de distinguer orthographe d’usage et orthographe de règle. On dispose aussi pour chaque participant des résultats scolaires en écrit traditionnel.

Les résultats montrent que la corrélation entre niveau en orthographe traditionnelle et la densité de textismes est variable, elle peut être :
a) absente (textismes en accord avec le code traditionnel et orthographe),
b) positive (textismes en rupture et orthographe d’usage en début de pratique des SMS)
ou
c) négative (textismes en rupture et orthographe de règle au bout d’un an de pratique des SMS).

Globalement, les élèves forts ou faibles en écrit traditionnel au début du recueil de données restent respectivement forts ou faibles pendant un an quelle que soit leur pratique des SMS (densité et type de textismes). Les implications pédagogiques de ces résultats sont discutées en allant dans le sens d’une complémentarité entre écrit traditionnel et écrit SMS.

Chapitre 2. — L’objectif est d’étudier un corpus de 1131 SMS produits en situation naturelle par 115 adolescents francophones âgés de 13 à 18 ans (issus du corpus sms4science de Fairon, Klein & Paumier, 2006). Les SMS sont recueillis par une méthode de redirection sur un serveur.

On a analysé l’effet de l’âge, du genre (masculin/féminin) et de la pratique des SMS (récente et rare/ancienne et fréquence) sur la longueur des messages (nombre de caractères avec espaces et nombre de mots), leur structure dialogique (avec ou sans ouverture et clôture) et leur fonction (informationnelle/relationnelle).

Pour la longueur, la supériorité des filles sur les garçons, habituellement mise en avant dans la littérature, est modalisée : elle existe surtout à 15-16 ans et uniquement pour les adolescents qui ont une pratique ancienne et fréquente. La structure dialogique des messages est différente de celle des interactions orales et écrites traditionnelles puisque 75% des messages n’ont pas la forme classique « ouverture+message+clôture » (l’ouverture et/ou la clôture étant manquantes).

Pour les fonctions, on met aussi en évidence, comme pour les indices de quantité, une variation avec les caractéristiques du scripteur : la proportion de messages ayant une fonction relationnelle est supérieure à celle des messages ayant une fonction informationnelle uniquement pour les adolescents de 15-16 ans, les filles et les adolescents ayant une pratique des SMS ancienne et fréquente.

Les résultats sont discutés par rapport aux spécificités qui permettent de définir le registre SMS par rapport au registre de la langue écrite traditionnelle.

P.-S.

Cette étude a fait l’objet d’un article du Café pédagogique (édition du 5 mars 2014).

La publication des travaux dans le Journal of computer assisted learning a donné lieu à un communiqué du CNRS.


Documents joints


Notes

[1SMS est, en anglais, le sigle de Short Message Systeme qu’on peut traduire par système de messages succincts ou, plus simplement, texto(s).

[2Réf. Programme AO UNSA Éducation 2011-3, recherche rendue en janvier 2014.

[3Rapport de l’OCDE publié le 14 juin 2000 « La littératie à l’ère de l’information »

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